Que peut-on espérer du Metavers dans la formation ?

Valentine Vandenborght | 26.07.2022

Comment réagiriez-vous si on vous disait qu’il était désormais possible de vous former de chez vous… via un monde virtuel ?

C’est ce que le Metavers offre aujourd’hui. Contraction de « meta » et « universe », il se définit comme un monde virtuel, ressemblant au monde réel mais généré par un ordinateur. A ne pas confondre avec la réalité virtuelle, le métavers permet une immersion active, permettant d’être acteur et même constructeur de ce monde.

Dans un premier lieu, conceptualisé en 1964 dans un roman écrit par Philip Dick, il est ensuite mis à l’écran par Rainer Werner Fassbinder en 1973, pour être repris dans le film « Le Samourail Virtuel » de Neal Stephenson en 1992, qui invente le terme « Metavers ».
Sa force est de pouvoir permettre aux utilisateurs de se mouvoir et d’interagir avec l’environnement virtuel dans lequel il se trouve grâce à son avatar. La première grande mise en application de ce concept est venue de la communauté du jeu vidéo, notamment avec le jeu en ligne « Second Life » sorti en 2003. Phénomène de mode entre 2003 et 2007, il permettait aux joueurs d’incarner des personnages virtuels dans un monde créé par les utilisateurs eux-mêmes. Depuis, de nombreuses industries tentent de tirer profit de ce concept et tente d’imaginer comment l’utiliser à bon escient. De la vente à la formation, les enjeux y sont colossaux. Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook devenu « Meta », parie par exemple sur un futur connecté et immersif.

1) L’application du metavers dans la formation

Dans beaucoup de secteurs d’activité, les métiers et les compétences évoluent de plus en plus rapidement. Réfléchir à des moyens efficients pour former ses collaborateurs devient donc un défi majeur : comment optimiser la formation pour de larges cohortes d’apprenants à moindre coûts ?
Combiner Adaptive Learning et metavers pourrait être une solution qui élargirait le champ des possibles et rendrait la formation encore plus efficace.

• D’abord en termes d’efficacité pédagogique : grâce à son immersion, le metavers promet une meilleure implication et donc un meilleur ancrage de la part de l’apprenant. L’aspect immersif rendrait la formation plus intuitive et augmenterait la motivation de ces derniers.
• Il promet également un apprentissage à distance pour un très grand nombre d’apprenants en même temps, en rendant possible des interactions entre eux, et en améliorant ainsi leur capacité à faire face à des situations qui sont exceptionnelles dans le monde réel.
• Encore plus innovante que la réalité virtuelle, le métavers permet d’améliorer la qualité de perceptions sensorielles, ce qui engendre donc un renforcement du niveau de réalisme de l’expérience vécue par l’apprenant et donc de l’efficacité de la formation.

Personne qui passe d'un univers à un autre via le metavers

2) Les enjeux du métavers dans la formation

Les enjeux du metavers sur la formation sont conséquents. Il va notamment intervenir sur les 4 piliers suivants :

L’attention, défini par la capacité que l’on a à nous ouvrir à la réalité, à orienter nos actions en fonction d’un objectif
L’engagement actif, qui démontre par exemple que le nombre d’exercices effectués compte plus que le nombre d’heures passées à étudier. Le metavers mettrait en place plus d’exercices sur une durée définie et plus efficace puisqu’en immersion active.
Le retour positif sur erreur, important car il permet à l’apprenant d’obtenir un retour d’information immédiat sur l’action en cours et donc de corriger son erreur et de monter en compétences plus rapidement. Le metavers peut ici mettre à disposition des feedbacks grâce à des avatars qui pourraient parler, là où une formation classique n’apporte que des feedbacks écrits.
La consolidation de l’apprentissage qui se fait par la répétition : l’idée étant de répéter une connaissance plusieurs fois afin de la mémoriser efficacement. Ici le métavers serait comme une deuxième peau pour l’apprenant, un deuxième monde. Cela les inciterait donc à revenir dans leur environnement d’apprentissage, plus engageant et plus ludique qu’une plateforme d’apprentissage traditionnelle, pour bénéficier de cette répétition.

3) Quel dispositif de formation imaginer pour le futur ?

Le metavers reste un concept encore très nouveau et nous ne pouvons pas encore savoir dans quelles circonstances exactes il va se développer. Nous savons néanmoins que ses capacités sont infinies. D’après Erwan Deveze, conférencier et consultant en Neuroleadership et Neuromanagement, d’ici 3 à 5 ans nous en sauront plus sur son développement et son futur.

Imaginons maintenant un dispositif de formation où les meilleures innovations pédagogiques sont combinées dans le but d’apporter les meilleurs impacts en termes de montée en compétences… L’apprenant est alors immergé dans le métavers où il accède à ses expériences pédagogiques. Le micro-learning lui permet d’interagir avec des activités pédagogiques courtes, permettant d’aller à l’essentiel. Le social learning lui permet d’échanger avec ses pairs et de renforcer son appartenance à une communauté d’apprenants. La gamification lui permet d’apprendre en jouant et d’améliorer son engagement au cours de sa montée compétences. La réalité virtuelle lui permet de simuler des gestes métier, et ainsi de développer des compétences techniques. Et enfin, l’adaptive learning capte toutes ces données générées afin d’identifier de façon précise le profil de l’apprenant et de lui adapter en temps réel son expérience de formation.