L’enseignement supérieur : quelles problématiques et quelles réponses apportées par les TIC ?
L’enseignement supérieur est en pleine mutation. Avec l’accélération de l’enseignement à distance, la création de campus connectés, l’émergence d’acteurs comme les OPM (Online Program Management) au service du développement des cursus en ligne pour les établissements… le supérieur se trouve confronté à de nombreux bouleversements et forcé d’évoluer rapidement. Les écoles privées doivent concilier une nécessité de rentabilité avec l’amélioration de leur pédagogie, tout en jonglant avec un corps professoral très indépendant.
Voici un tour d’horizon des problématiques du secteur de l’enseignement supérieur, liées ou non aux nouvelles technologies, et des pistes de réponse que celles-ci peuvent apporter aux établissements.
1 – Avant la formation : des étudiants au profil très variés
Les établissements d’enseignement supérieur recrutent des étudiants au profil très variés. Certains arrivent directement après le bac, d’autres ont déjà suivi un cursus universitaire, une classe préparatoire ou une formation en IUT. Chacun ayant reçu un enseignement différent, il est nécessaire pour les établissements d’uniformiser le niveau des admis avant même que la formation ne commence. Pour chaque unité d’enseignement, un bagage de prérequis doit être maîtrisé par tous afin que les élèves tirent un maximum de bénéfices de l’enseignement prodigué. Avec les bouleversements liés à la crie du covid-19, les universités anticipent même une remise à niveau généralisée pour la rentrée 20211.
Des outils numériques permettent de diagnostiquer le niveau de chaque élève sur plusieurs notions cibles et d’adapter la formation délivrée en fonction des prérequis déjà maîtrisés et de ceux restants à acquérir. Ils vont représenter une aide précieuse pour ces parcours de remise à niveau. Ils permettront de partir du niveau réel de l’élève et d’éviter de revenir sur des sujets qu’il maîtrise déjà, tout en le faisant travailler sur ses lacunes, qui sont sans doute différentes de celles d’un élève venant d’une autre formation ou d’un autre établissement.
2 – Pendant la formation : innover et engager les élèves
Les écoles et les universités sont en quête permanente d’innovation pédagogique pour améliorer et enrichir leur enseignement, et mieux former les étudiants rejoignant leurs rangs. Cette innovation passe par de nombreux leviers et, parmi eux, l’exploitation des outils numériques. La formation à distance et la formation mixte (le blended learning) se sont massivement développées ces dernières années. Elles représentent également une opportunité puisqu’elles permettent une augmentation des effectifs sans agrandir le campus physique. Pendant la crise du covid-19, 100 % des étudiants français ont expérimentés l’enseignement à distance, avec plus ou moins de succès.
Les cours en ligne peinent en effet à engager les étudiants. Les MOOC ont encore un taux d’abandon de plus de 90 %. Basés sur une approche globale et massifiée, ceux-ci sont trop souvent jugés inadaptés par les apprenants. Plus de 50% des élèves d‘écoles d’ingénieurs et de commerce ont déclaré être insatisfaits de la continuité pédagogique durant la crise du covid-192.
Cela montre à quel point les cursus en ligne ont besoin d’être repensés et les contenus adaptés à ce support et à ses particularités.
La diffusion d’un même contenu digital à tous les élèves, de manière descendante et sans interactions possibles, a montré ses limites. La classe virtuelle n’est pas une simple prolongation de la classe présentielle. Elle demande aux enseignants de repenser leur manière d’enseigner pour s’adapter aux contraintes de ce support et de s’outiller correctement pour cela. Nous sommes à l’ère de l’individualisation des parcours, de la gamification, du story telling, de la classe inversée*, de l’amélioration de la mémorisation grâce à des techniques d’ancrage… autant de concepts que les outils numériques permettent de mettre en pratique de manière massive pour répondre à cette problématique d’engagement des étudiants vis-à-vis d’un enseignement partiellement ou complètement à distance.
*Découvrir la théorie seul et mettre en pratique en classe
3 – Une multiplicité d’outils pour une expérience parfois dégradée
Les écoles et les universités sont aujourd’hui dotées d’outils numériques de gestion liés à chaque facette de la vie au sein des établissements :
- Des outils de CRM (Customer Success Management) qui permettent de gérer la relation avec l’étudiant avant qu’il ne soit recruté par l’école et une fois qu’il en est parti diplômé et qu’il appartient à la communauté des alumnis.
- Des LMS (Learning Management System) pour gérer l’enseignement à distance des étudiants, leur donner accès aux ressources éducatives et à une communauté d’apprentissage
- Des ERP pour la gestion administrative des établissements
- Et une flopée d’outils annexes allant de la gestion domotique des bâtiments de l’école à l’évaluation des étudiants en fin de cours ou à la création d’emplois du temps personnalisés
Tous ces outils restent aujourd’hui très indépendants et communiquent peu ou pas du tout les uns avec les autres. De plus, ils ne sont pas forcément adaptés aux usages de leurs principaux utilisateurs : par exemple, peu d’entre eux offrent une expérience sur mobile satisfaisante alors que c’est le support le plus utilisé au quotidien par les membres de l’école. Il est donc complexe pour les administrations de proposer une expérience fluide et sans couture à leurs élèves et aux équipes pédagogiques.
Les campus doivent donc rassembler ces outils et les interfacer les uns aux autres sous le prisme de l’expérience d’utilisation d’un côté et de l’agrégation et l’exploitation des données de l’autre. En partant des besoins de chaque individu lié physiquement ou virtuellement au campus (élève, enseignant, visiteur, administrateur…), l’outil idéal lui apportera une solution unique, facile d’accès et d’utilisation qui répondra à ses problématiques quotidiennes. Des solutions de mobile learning existent déjà pour la partie pédagogique ainsi que des outils mobiles pour la gestion administrative. Il reste à les connecter.
De plus, les outils cités ci-dessus génèrent un large volume de données qui, agrégées, pourront être exploitées pour améliorer l’impact de l’enseignement prodigué et mieux piloter la gestion financière et administrative de l’établissement. Cette mise en place passe notamment par l’utilisation de standards d’interopérabilité comme xAPI, par une bonne architecture et par l’utilisation de LRS (Learning Record Store) qui vont agréger et stocker les données.
Conclusion – la formation continue : une opportunité certaine
Selon une étude de l’Institut Montaigne, les établissements d’enseignement supérieur représentent seulement 3 % du marché de la formation continue en France, soit moins de 400 millions d’euros par an : leur potentiel de développement est donc très important quand on sait que la taille de ce marché s’élève à 13 milliards d’euros. Les écoles et universités ont des atouts majeurs à faire valoir auprès des entreprises : une expertise technique et pédagogique, un diplôme reconnu en France et à l’international, une activité de recherche qui les place à la pointe sur leurs sujets… Mais les formats proposés par l’offre de formation continue doivent s’adapter aux besoins des salariés et des dirigeants d’entreprise avec, par exemple, des cours du soir, des stages intensifs ou une offre sur-mesure. Les écoles doivent également être capables de promouvoir leur catalogue dédié à la formation continue avec une force marketing à hauteur de celle de leurs concurrents. Cela passe notamment par de l’innovation pédagogique et par sa mise en avant auprès des entreprises.
Source 1 : « Des taux de réussite exceptionnels lors des partiels dans les universités« , Le Monde, 2020
Source 2 : « Dans l’enseignement supérieur, la grande disparité des cours à distance« , Le Monde, 2020
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